Bonjour 👋
Nous sommes à l’édition #32 des Mondes de demain, bienvenue aux 14 petits nouveaux qui nous ont rejoints depuis la fois précédente. Bienvenue également aux près de 200 lecteurs qui arrivent après la fusion de toutes mes mailing lists !
La semaine dernière, j’assistais à un webinaire pour entrepreneurs où, pour nous encourager à mieux vendre, on nous expliquait une n-ième fois le cerveau reptilien, le cortex et le cerveau limbique.
Pas de bol, je lisais pas plus tard que la veille que cette segmentation était du pipeau. Au même titre que les 10% utilisés par notre cerveau, les tests MBTI (que j’adore pourtant) et les cerveaux droit ou gauche.
Toutes ces fausses croyances ont un point commun : elles nous aident à simplifier un processus complexe et sont tape à l’œil. Bien qu’elles soient fausses.
On appelle ceci des neuromythes.
🧠 C’est mon thème du jour.

👉🏻 Minute pub : Back Friday & Solo-Empire
C'est la période du Black Friday (sans rire ?) et j'ai beaucoup hésité. D'un côté, je ne supporte plus le spam journalier actuel qui pousse à la consommation.
De l'autre, j'ai reçu quelques messages d'entrepreneurs — généralement à leurs débuts — me disant que le tarif de mes offres était un peu élevé.
Je me dis qu'une réduction pourrait donc les aider à passer à l'action.
Je fais donc une exception : jusqu'à vendredi minuit, je propose ma formation Solo-Empire à prix réduit. C’est l'occasion ou jamais d'accéder à mes contenus avec une réduction d'environ 35%.
Concrètement, ma formation passe de 290€ à 190€ pour seulement 4 jours. Ensuite, je repasse au prix normal.
Toutes les informations sont sur la page de la formation : https://www.paulinealessandra.fr/solo-empire
Qu’est-ce qu’un neuromythe ?
Le cerveau est peut-être notre organe le plus mystérieux. Vous imaginez, je suis là, en train de manger une gaufre hollandaise devant mon PC, on est lundi 17h (oui, je m’y prends encore en dernière minute pour cette édition) et il y a quelque part dans mon corps un organe capable de piloter tout ça en même temps, en plus d’écouter la BO d’Hadestown.
Et c’est ça pour chaque individu sur cette planète. N’est-ce pas totalement mystérieux ? Ce n’est donc pas un hasard si le thème nous enthousiasme au plus au point. Malgré sa complexité.
La plupart des entrepreneurs le disent eux-même : la clé pour réussir à vendre une offre, c’est de comprendre “le cerveau humain” (très modestement).
Si vous comprenez les biais cognitifs, les motivations individuelles, les désirs secrets, alors vous détenez le Saint Graal vous permettant de monter un business à 7 chiffres. Disent-ils.
C’est donc ce qui nous amène à cet entrepreneur à succès dissertant sur le cerveau reptilien en pleine conférence. Et là, mes réflexes scientifiques reprennent le dessus : “mais il n’est pas en train de nous enfumer, là ?”
Oui. Le cerveau reptilien est un neuromythe.
Un neuromythe, c’est une légende, un mythe qui se propage sur le fonctionnement du cerveau. La grande difficulté, c’est que la plupart de ces neuromythes reposent sur des études scientifiques à qui on a tordu le cou. Il y aura donc toujours Jean-Michel Pénible pour vous dire : “si si, d’après Machine et al., papier de 1912, le cerveau est bien titati tatata.”
Sauf que la science évolue et que les revues de littérature récentes ne sont pas faites pour décorer le sapin de Noël.
Quels sont les principaux neuromythes ?
J’en ai repéré plusieurs, très connus :
“Nous n’utilisons que 10% de notre cerveau” : c’est ce qu’on pensait dans les années 1930, quand les outils d’imagerie n’étaient pas assez puissants pour mesurer les subtilités du fonctionnement des zones dites “inactives”.
“Nous sommes cerveau droit ou cerveau gauche” : les créatifs étant plutôt à droite, les rationnels à gauche. Il existe effectivement une spécialisation hémisphérique relative, mais ça n’a rien à voir avec la personnalité.
“Il existe 3 styles d’apprentissage : visuel, auditif ou kinesthésique”. Faux, cela relève plutôt d’habitudes de travail. Tout le monde est plutôt visuel, car associer une image à une idée facilite l’apprentissage.
“Les femmes sont naturellement multitâches.” Non, sinon, on serait autorisé à téléphoner pendant que l’on conduit. C’est le patriarcat qui est feignasse, nuance.
“Il y a un cerveau reptilien pour nos instincts” : théorie des trois cerveaux (ou cerveau triunique) de Paul MacLean développée dans les années 1960. Les neurosciences modernes ont montré que cette théorie ne reflète pas la réalité biologique car le cerveau n’a pas évolué en couches distinctes mais de manière intégrée.
Et c’est grave, Docteure ?
(🥕J’avoue que depuis que j’ai mon doctorat, cette phrase prend un sens insoupçonné)
Non, ce n’est pas grave. Il n’y a pas mort d’homme.
En revanche, c’est à mon sens important sous deux aspects :
Quand vous achetez une conférence / un cours en ligne, il n’est pas interdit de mettre votre esprit critique sur “on”. On ne prend pas le contenu pour une messe payante s’il vous plaît. On peut ne pas être d’accord, être curieux de creuser la question voire remettre en question le formateur. Personne n’a la science infuse. Et si la personne en question vous paraît peu solide, peut-être est-ce parce que vous vivez une expérience de bon marketing plus qu’une expérience intellectuelle.
C’est, personnellement, l’une de mes exigences : je veux une exigence intellectuelle dans les accompagnements ou les formations que je suis.
Quand vous faites un cours ou une formation en ligne, il n’est pas interdit de faire un travail de sourcing. Si vous pouvez éviter les lieux communs, les neuromythes et les croyances fausses, c’est bien. Surtout si vous faites payer pour. Cela ne prend pas longtemps grâce à l’ami Google et vous éviterez de propager des neuromythes avec un ton certain. Et vous gagnerez en crédibilité.
Même chose si vous êtes consultant, freelance RH ou recruteur. Encore plus si vous recrutez des gens.
Que vous décidiez de croire des neuromythes ou des pseudosciences vous regarde. En revanche, vous ne pouvez pas demander à un candidat de s’y plier. C’est pourquoi le MBTI, par exemple, est formellement interdit dans le cadre d’un entretien d’embauche.
Ce qui relève du développement personnel ne doit jamais entrer en ligne de compte dans un processus de choix.
Ensuite, ce que vous croyez, décidez de croire ou pensez croire vous regarde vous, votre éthique et votre curiosité.
En n’oubliant pas, comme disait le grand Pierre Desproges, que l’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne.
À dans quinze jours,
Pauline
PS : faites battre le petit cœur juste tout en bas de cet e-mail, ou laissez un commentaire si ça vous a plu. C’est important pour moi ❤️
PPS : Le générique de Minus et Cortex, c’est cadeau