Pourquoi vous devriez mettre votre peau en jeu
#22 ou le concept de "Skin in the game" de Nassim Nicholas Taleb
Bonjour 👋
Nous sommes à l’édition #22 des Mondes de demain, bienvenue aux 21 petits nouveaux qui nous ont rejoints depuis la fois précédente.
Saviez-vous que l'être humain a deux cerveaux : l'un quand il risque sa peau, l'autre quand il ne le fait pas.
Être capable de prendre des risques ET d'en assumer les conséquences est un concept qui a un nom : "skin in the game" (j’en parlais dans ma dernière édition).
C’est un concept développé par l’essayiste et chercheur Nassim Nicholas Taleb.
C’est mon thème du jour 🧴

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Qu’est-ce que “jouer sa peau” ?
“Jouer sa peau”, au sens où l’entend Taleb, est assez simple : il s’agit du niveau de risque et d’intérêt personnel que vous avez lorsque vous prenez une décision. Plus vous avez à perdre, plus vous jouez votre peau.
Par exemple : un pilote d’avion, dès qu’il monte à bord, est skin in the game. Si l’avion termine dans l’Atlantique, il termine dans l’Atlantique. Il a donc tout intérêt à bien faire son travail, même les tâches les plus ingrates.
Pour Taleb, beaucoup des problèmes de notre société viennent du fait que nous ne jouons plus assez notre peau. Les experts et les institutions donnent des conseils ou interviennent sans subir les conséquences de leurs actes. C’est même le propre du métier de consultant.
C’est d’ailleurs le problème principal de la bureaucratie : les responsabilités sont tellement diluées et les auteurs éloignés de la conséquence de leurs actes, qu’on ne parvient plus à un système simple et efficace. Parce les gens ne jouent plus leur peau.
Jouer sa peau est alors un mécanisme qui fait office de filtre : il n’y a pas d’évolution sans risquer sa peau.
Les vertus de jouer sa peau
Cela facilite l’apprentissage
Les erreurs commises doivent être source d’apprentissage. C’est ce que l’on appelle le pathemata mathemata, ou l’apprentissage par la douleur. Pensez à la façon dont les jeunes enfants apprennent : ils mettent la main au feu une fois, pas deux.
Nos ressources sont décuplées
Avoir quelque chose à perdre donne une force insoupçonnée. Justement parce que nous nous soucions du résultat. Nous travaillons donc plus dur et persistons plus longtemps.
Nous devenons plus éthiques
Accepter de jouer sa peau encourage l’intégrité et l’honnêteté. Encore une fois, un pilote ne va pas rater son tour avion par flemme. Il joue sa peau. Les personnes qui demandent aux autres de prendre des risques doivent également en prendre elles-mêmes.
Ce n’est pas pour rien que dans les monarchies, les membres des familles royales sont souvent soldats et en première ligne. Leur légitimité tient aussi au fait qu’en temps de crise, ils sont skin in the game. Si le prince Harry a été pilote d’hélicoptère pendant la guerre en Irak, ce n’est pas gratuit.

Le problème principal est donc l’asymétrie des risques.
Ainsi, certains individus peuvent prendre des risques sans en subir les conséquences. Par exemple, les banquiers pendant la crise de 2008, puisque ce sont les Etats qui ont sauvé les banques. Pas plus que le Pape, quand il est malade ne va à l’église plutôt qu’à l’hôpital (cas extrême). Or, d’après Taleb, ceux qui bénéficient des récompenses doivent aussi en porter les risques.
Les entrepreneurs sont “skin in the game”.
Beaucoup d’entrepreneurs, sans forcément mettre un concept derrière, sentent bien qu’ils jouent leur peau. Ils prennent tous les jours de nombreuses décisions et doivent en assumer les conséquences : matérielles, physiques, psychologiques.
Taleb n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit de définir les types d’individus qui mettent leur peau en jeu, de ceux qui ne la mettent pas.
Les “cadres en costume” ne le sont pas, pas plus que les consultants, les bureaucrates ou des grandes entreprises associées à l’État.
À l’inverse, les artisans, les citoyens, les entrepreneurs ou les activistes le sont.
Le dernier degré étant le fait de “mettre sa peau en jeu pour autrui” : les soldats, les artistes, les journalistes d’investigation etc.
Contrairement aux apparences, ce concept ne se réduit pas à l’acceptation du risque, mais bien au fait d’en assumer surtout les conséquences.
Entreprendre et accepter la faillite associée, c’est se donner les moyens de l’éviter.
Il y a une vraie force vitale à être skin in the game. Pourquoi ?
“Parce que la vie est faite de sacrifices et de prises de risque, et tout ce qui n’implique pas une dose raisonnable des premiers, avec l’obligation de satisfaire aux secondes, n’est pas proche de ce qu’on peut appeler “la vie”.”
Je m’en rends personnellement vraiment compte depuis que je ne suis plus salariée mais à mon compte. Je n’ai jamais tant agi, avancé et appris.
À dans quinze jours,
Pauline
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