Buongiorno,
Nous sommes à l’édition #42 d’Aligné, bienvenue aux 17 petits nouveaux qui nous ont rejoints depuis la fois précédente.
Il y a un sujet qui me tient à cœur et qui est l’un des piliers de mon accompagnement Solo-Empire. Le premier rendez-vous, souvent, ne parle que de ça. C’est la raison d’être des entrepreneurs.
On parle aussi du “why”. De pourquoi tel ou tel entrepreneur a lancé son entreprise. Cela repose souvent sur un storytelling bien ficelé, avec des justifications qui se ressemblent : “je voulais aider les femmes à” ; “je voulais aider les coachs à..” ; “je voulais permettre aux jeunes de …”
À bien écouter le “pourquoi” de chacun, nous vivrions donc dans un écosystème où la réussite d’autrui est plus importante que le chiffre d’affaires. C’est la plus grande hypocrisie qui existe chez les solopreneurs.
🤥 C’est mon thème du jour.

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Le goût de la nécessité
En sociologie, Bourdieu a théorisé “le goût de la nécessité”, cette capacité de l’être humain à préférer ce qui lui est accessible. Par exemple, si je n’ai pas les moyens de me payer un opéra, je vais dire que je déteste la musique classique. Idem si je n’ai pas les moyens d’aller dans un hôtel cinq étoiles : je vais dire qu’on rêve pareil dans un Ibis. (Si le sujet vous intéresse, lisez cette très bonne BD de Tiphaine Rivière.)
Il y a, chez beaucoup d’entrepreneurs, ce goût de la nécessité, mais sous un angle pernicieux. Une sorte de “goût de la difficulté.”
Il s’exprime par le fait de clamer partout “adorer ce qu’on fait”, même quand c’est l’enfer, même en dépression ou en burn-out. Ce n’est pas un hasard si on voit autant d’histoires de “fail story” ou de “comment j’ai crashé ma boîte et ce que j’aurais aimé savoir avant” avec un grand sourire. L’échec comme fondation d’un personal branding, mais surtout un mécanisme psychologique de protection pour ne pas s’effondrer — le goût de la nécessité, donc.
Cela va plus loin quand on creuse un peu et qu’on demande la fatidique question : “pourquoi ?”
Le tabou de l’argent
La réponse est irrémédiablement la même et je les classe en trois catégories.
Les philanthropes : pour aider les gens à s’épanouir, à vivre de leur passion, à retrouver une paix intérieure, à mieux se sentir dans leur peau etc. Ce sont ceux qui m’agacent le plus.
Les familiaux : pour protéger mes parents, les mettre à l’abri du besoin, donner un avenir à mes enfants etc. Ce sont ceux qui s’auto-justifient.
Les philosophes : pour la liberté, la passion etc. — Des grands concepts pratiques.
La plupart oscillent entre le 1 et le 2. Parfois le 3. Parfois, combo sublime, tout en même temps.
Mais peu disent la vérité, alors je vais l’écrire en lettre capitale : NOUS AVONS MONTÉ DES ENTREPRISES POUR GAGNER DE L’ARGENT ET, SI POSSIBLE, DÉBLOQUER UN PLAFOND DE VERRE FINANCIER EN TENTANT DE MINIMISER LES EMMERDES.
Sinon nous aurions monté une ONG, serions bénévoles ou artistes. Le nier, c’est mettre un voile pudique sur la question de l’argent quand on parle du “pourquoi” des solopreneurs. C’est le pendant du startuper qui veut “changer le monde” quand dès le jour 2, il a imaginé le chèque de son futur exit.
Et pourquoi nous voulons de l’argent ? Si vous ne savez pas répondre à cette question, là, c’est plus compliqué. C’est le syndrome d’un vide existentiel et vous gagnerez plus en thérapie qu’à regarder vos tableaux de bord financiers. Vous pouvez aussi vouloir de l’argent pour réaliser vos projets, acheter une maison, voyager, faire du sport, bref, vivre. Mais bordel, dites-le : je veux de l’argent pour vivre, pas pour aider des clients dans leurs réalisations cosmiques d’êtres de lumière. Personne ne vous en voudra, ça ne fait pas de vous un entrepreneur égoïste ou véreux.
La seconde réponse honnête est : PARCE QUE JE CRÈVE DU MANQUE DE RECONNAISSANCE ET QUE J’AI ENVIE DE ME SENTIR EXISTER DANS LE REGARD D’AUTRUI. Mais ça, ça sera l’objet d’une prochaine newsletter.
Moi, je veux de l’argent parce que j’ai des passions qui ne me permettent pas de vivre correctement à mon niveau (écrire, jouer de la musique) et que je n’ai aucun goût pour la bohème d’Aznavour quand le mètre carré à Montmartre est à 13 000€.
Le business n’est pas forcément une passion
Une fois qu’on a dit ça vient un deuxième principe : il est tout à fait acceptable que votre entreprise ne soit pas votre passion. C’est même plutôt NORMAL. Ce n’est pas parce que ça prend du temps, une grande charge mentale, de l’énergie que c’est censé être votre passion. Vous avez le droit de ne pas avoir le goût de la nécessité.
Je crois même que plus l’on a un rapport distancié et froid avec son entreprise, plus on peut couper quand il faut, ne pas être victime de ses propres biais et garder la tête froide. Vous n’êtes PAS votre entreprise, même comme solopreneur. Vous êtes bien plus que ça, votre valeur personnelle ne dépend pas de votre chiffre d’affaires.
Il faut arrêter de normaliser les erreurs statistiques comme le couple Hormozi, qui ne sont rien de plus que les Kardashian du business. Il faut arrêter de normaliser l’entrepreneuriat comme la passion unique d’une vie.
Cela peut très bien être le moyen le plus épanouissant et le plus rémunérateur trouvé pour maintenir un style de vie (que vous vouliez du temps, de l’argent, moins de contraintes géographiques ou plus jamais de boss). Cela peut-être aussi parce que vous étiez inemployable ou traumatisé par des expériences professionnelles passées. Ou pour suivre une passion sur un sujet précis. Ou juste du hasard dans votre vie. Moi, c’est un pur hasard et j’en suis bien heureuse.
Je garde toujours en tête cet échange génial entre Leïla Hormozi et Justin Welsh sur Twitter. Leïla, en girl boss un peu insupportable, se vante d’un agenda de CEO de grand groupe. Respire, bichette. Ta daily routine est mon enfer personnel.
La réponse de Justin Welsh, très heureux de dîner tous les soirs avec sa femme et de garder tous ses après-midi pour écrire. Tout en faisant 2 millions de CA tout seul :
La moralité de tout ça, c’est qu’un agenda comme celui de Leïla est un rêve quand, comme elle, on a sincèrement la passion du business. Mais je pense que parmi les solopreneurs, tous ne l’ont pas et c’est okay. Moi, je préfère jouer du violoncelle et aller me promener qu’être en réunion. C’est aussi simple que ça.
À la recherche du dark why
Il est tout à fait compréhensible qu’en plein podcast, contrairement à moi dans cet épisode, vous ne cherchiez pas à être 100% honnête quand on vous pose la question “pourquoi”. C’est la dure loi de la communication et je le respecte. En revanche, devant votre miroir, vous devez être honnête. Voici deux recommandations pour bien rester aligné.
Assumez votre dark why
Le “dark why”, c’est la raison cachée pour laquelle vous faites ce que vous faites. On en parlait avec Adri Peyruse et Laurine Bemer dans ce podcast. Ce n’est pas la version affichée au grand public, c’est celle que vous pourriez écrire dans un journal intime sans que personne ne l’ouvre jamais. Cela doit être égoïste, un peu dark, bref, profondément humain. Assumez : personne n’en verra rien. Par contre, cela nécessite un travail d’introspection sincère.
Vérifiez votre niveau d'énergie
Êtes-vous passionné par l’entrepreneuriat, ou êtes-vous convaincu qu’il faut l’être pour réussir ? En somme, êtes-vous victime d’un goût de nécessité ? Ce sont deux choses différentes. Posez-vous la question : est-ce que vous cherchez à récupérer un maximum de temps pour… Faire autre chose ? Ou au contraire, est-ce pour lancer d’autres projets, monter une autre boîte, vous diversifier etc. Soyez honnête avec vous-même. Est-ce que votre entreprise vous draine de l’énergie ou au contraire, est-ce qu’elle vous en procure au quotidien ? Si vous prenez une feuille et que vous notez “Je veux vraiment”, que se passe-t-il, une fois le stress financier évacué ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Seulement la vôtre.
Être aligné, c’est d’abord être honnête avec vous-même.
Ce n’est pas simple, il faut creuser sous tout un tas d’injonctions.
On ne le répétera jamais assez : ne pas être passionné par votre entreprise ne fait pas de vous un entrepreneur de second rang.
L'entrepreneuriat n'a pas besoin d'être une mission sacrée ni une passion dévorante pour être légitime et épanouissant.
À mardi prochain,
Pauline
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PPS : oui, j’ai une passion pour le chaï-latte.
Brillante analyse du "dark why" qui nous anime réellement. Je rejoins complètement ta vision sur l'hypocrisie des motivations affichées. Par contre, je trouve que le "pourquoi" peut aussi évoluer avec le temps - commencer par l'argent puis trouver un sens plus profond quand les besoins financiers sont couverts.
Super sujet. Mais je réagis, en pleine lecture, à cette phrase qui me pique les yeux : "Sinon nous aurions monté une ONG, serions bénévoles ou artistes." Je tiens à préciser que OUI, les artistes aussi veulent gagner de l'argent. ;-) Bises