Bonjour,
Nous sommes à l’édition #41 d’Aligné, bienvenue aux 12 petits nouveaux qui nous ont rejoints depuis la fois précédente.
Quelque chose me fascine dans la sculpture : la finesse des détails, la beauté des drapés, l’élégance des mouvements figés pour l’éternité. La grande différence entre une statue et vous, c’est qu’une statue ne bouge pas, ne respire pas, n’a pas envie de mettre un coup de genou aux pigeons qui s’installent sur son épaule.
Une personne, tout comme un business, n’est pas une statue : vous n’êtes pas gravé dans le marbre.
En revanche, trouver son alignement nécessite d’adopter une posture de sculpteur.
🗽 C’est mon thème du jour.
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Il n’existe pas un positionnement
La grande arnaque du positionnement, c’est qu’il n’existe pas en soi (la fille tire contre son camp). Il n’existe pas UN positionnement, il en existe plusieurs qui varient dans le temps et selon les situations.
Ma double casquette me le démontre toujours. Chez les chercheurs, je passe pour l’entrepreneure surprenante. Chez les entrepreneurs, je passe pour l’intello qui donne des cours. Moralité : j’ai créé l’intello business pour m’en sortir, je l’avais déjà raconté ici.
Mais ce serait m’enfermer dans un cliché que de me réduire à cela. D’ailleurs, je repère souvent les esprits étroits à leur incapacité à embrasser cette diversité. Quand on me dit “tu viens d’un milieu Sciences Po de gauche”, je rappelle que j’ai bossé dans la Start-up Nation capitalistique à souhait. Quand je passe pour la libérale carnassière, je mentionne que ma spécialité, c’est l’histoire de l’Occupation en 1940. Les bornés finissent avec une gueule de point d’interrogation.
Ce positionnement, loin de me réduire, me donne un angle. Comme si je prenais une photo à un moment T. J’aurais très bien pu en prendre une autre et, quand le décor change, je peux être une autre personne.
Je peux être une musicienne en apprentissage avec mes amis du violoncelle. Je peux être une littéraire au milieu d’anciens normaliens, une historienne au milieu de scientifiques, une amie fidèle, une sœur etc. Comme chacun, je ne suis pas réductible à un seul positionnement. Je suis, en réalité, le jeu des sept familles à moi toute seule.
Et quand je dis “je”, je dis en réalité “vous”.
C’est toute la beauté de cet exercice qui est de revenir à la fois à la racine, en échappant, autant que possible, à l’essentialisation.
Trouver l’alignement, c’est être vivant
Alors comment progresser en étant tout cela à la fois, sans s’éparpiller ? C’est une situation que je rencontre souvent chez mes clients les plus créatifs. Ils sont à la fois ceci et cela. Ils ne veulent pas de la prédiction de Victor Hugo qui disait que “ceci tuera cela”. Ils veulent les deux, parce qu’ils sont les deux.
Choisir, ce serait alors renoncer à une part trop importante d’eux-mêmes. Comme si on devait leur couper un membre. Et ils ont bien raison.
Ils ne veulent pas être seulement développeur, mais aussi coach. Et père de famille. Et ancien joueur semi-pro de poker. Prof de pilates et poète à temps partiel.
Si on me privait de ma dimension intello, je serais malheureuse. Tout comme je serais malheureuse à être seulement enseignante-chercheuse. Ceci et cela, donc.
C’est un cas typique chez les indépendants, qui ne connaissent pas “la vie professionnelle.” Quand on est sa propre structure, il n’y a que “la vie”. D’où la nécessité de ne pas faire de compromis avec qui l’on est vraiment, sauf à finir actionnaire majoritaire d’une entreprise empruntée.
Mais je crois aussi que c’est une réflexion qui touche l’ensemble du monde professionnel, indépendamment du type de contrat.
Les hôtesses de l’air veulent pouvoir se tatouer, parce que c’est une part de qui elles sont qui s’exprime dans leur uniforme étriqué. Les musiciens se font aussi luthier. Les allergologues deviennent chanteurs (j’ai des médecins incroyables). La génération Z, qu’on accuse à tort d’indolence, n’est que le reflet de cette quête de sens. Et je pense que l’on se trompe en imaginant que l’on cherche du sens au travail. La réalité est bien plus existentielle : on cherche d’abord du sens en soi. Et il se trouve que 8 heures par jour, on est loin de son lit. Alors ce questionnement glisse sur le champ professionnel. Autant rentabiliser ces heures.
Maintenant, comment trouver cet alignement multiple, sans perdre les pédales ?
Devenir Sculpteur
Jean-Baptiste d’Andréa, dans le sublime roman Veiller sur elle (Prix Goncourt 2023), fait dire ceci à ses personnages :
“Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper.”
Je crois que tout est dit.
C’est exactement ce travail que je fais avec mes clients Solo-Empire. J’aurais pu appeler ça ‘Sculpture d’entreprise’ mais c’était un peu perché. Le SEO n’aurait pas trop fonctionné.
Chaque expérience, chaque pivot n’est pas un échec, mais un coup de burin supplémentaire pour révéler ce qui vous ressemble vraiment.
Le travail d’alignement n’est pas tant de révéler la statue : il s’agit de révéler le sculpteur. En travaillant l’œuvre, on découvre surtout l’artiste qui se cache derrière.
En travaillant l’offre, on découvre l’entrepreneur.
👇🏻 Pour savoir si vous êtes sur le bon chemin, je recommande ces trois exercices.
L'exercice du loto
Demain, la Française des Jeux vous appelle et vous avez gagné à l’Euromillions. Vous êtes à l’abri du besoin sur trois générations. Comment restructurez-vous votre activité ? Gardez-vous l’ensemble de votre business ?
Je peux l’écrire sans peine car je l’ai dit dans ce podcast : personnellement, j’arrêterais mon travail freelance et tout ce blabla d’acquisition client. Par contre, je sais que je continuerais d’écrire. Et certainement cette newsletter.
Le RDV avec le vous d'il y a 5 ans
Vous prenez un café avec le vous-même d’il y a 5 ans. Qui arrive à l’heure ou en retard ? Comment présentez-vous votre existence ? Sur quelles dimensions êtes-vous fier, et sur quelles autres devez-vous vous rassurer vous-même ? Une introspection très intime que je vous recommande.
(Et en clin d’œil cette scène mythique de Bref, saison 2! )
L'état de flow
C’est une question un peu prof de yoga dans le genre, mais je l’aime bien. Quelle activité vous met dans un état dans lequel le temps passe à une vitesse incroyable, sans vous faire de mal ? Qu’est-ce qui vous met dans un état de plénitude, bref, de flow ? C’est un indicateur très fort d’alignement. Moi, sans surprise, c’est écrire sans autre consigne que celle que je m’impose moi-même.
Faire ces exercices est vertigineux, car la question de l’alignement l’est.
Certains refuseront d’ailleurs de faire ce travail, préférant se raccrocher à ce qu’ils connaissent, à un terrain connu ou balisé. À quelque chose de rassurant, en somme. Imaginer ce qu’ils pourraient découvrir sur le chemin fait presque trop peur.
L’entrepreneuriat, au fond, ça n’est rien d’autre que le goût du polissage.
À la semaine prochaine,
Pauline
PS : les bonnes habitudes ne changent pas : likez, partagez, commentez cette édition si elle vous a plu. C’est important pour moi ❤️
Merci beaucoup Pauline, as usual, pour ces réflexions pleines de sagesse ❤️J'ai envie de faire cette introspection de moi il y a 5 ans, car je vais fêter justement mes 5 ans d'entrepreneuriat dans 20 jours 🥰